Synospis

Suze Trappet apprend à 43 ans qu’elle est sérieusement malade. Elle décide de partir à la recherche de l’enfant qu’elle a été forcée d’abandonner quand elle avait 15 ans. Sa quête administrative va lui faire croiser JB, quinquagénaire en plein burn out, et M. Blin, archiviste aveugle d’un enthousiasme impressionnant. Ils se lancent alors dans une quête aussi spectaculaire qu’improbable.

S’il y a bien une chose que je peux dire au sujet du cinéma d’Albert Dupontel, c’est finalement que je le connais assez mal parce que j’ai vu que peu de ces films. Mais également que je le connais très bien, car ces thématiques me touchent. C’est vrai, il y a encore 5 ans Albert Dupontel évoquait pour moi qu’un cinéaste punk à l’imagerie très prononcé pour laquelle je dois reconnaître ne pas avoir d’atomes crochus. Son premier film, “Bernie” (1996), des extraits que j’en avais vu ressemblait trop à un ovni, très proche finalement du style des Monty Python emmené par Terry Gilliam et Terry Jones. Non pas que je n’aime pas les Monty Python attention, juste qu’il faut être dans l’humeur pour bien les apprécier. Et le fait est qu’avec Dupontel, mon rendez-vous cinématographique ressemblait plutôt jusque là, à un acte manqué. 

Heureusement fort appuyé par des critiques très souvent élogieuses, j’ai été amené à regarder mon premier Dupontel à savoir “9 mois Ferme” (2013) avec Sandrine Kiberlain. Tout de suite happé par les quiproquos, le registre Burlesque et des scènes définitivement hilarantes. J’avais rarement vu un cinéaste français proposer une telle palette de nuance dans la réalisation (pourtant sur un film de huit-clos). J’étais convaincu et son film suivant “Au revoir Là-haut” (2017) n’a fait que confirmer l’immensité de son talent et surtout développer en moi l’idée qu’Albert Dupontel est peut-être surement un des meilleurs metteur en scène français de notre époque. Bref, lorsque son prochain projet fut annoncé, il me tardait de retrouver un cinéaste aussi riche qui réussit un exploit rare : mettre critique et public au diapason.

Illustration Adieu les cons

Dupontel devant son storyboard

Une ambition intime

Écrit il y a plus de 2 ans, Albert Dupontel livre probablement son film (de ceux que j’ai vus) le plus poétique, personnel et humaniste. L’histoire d’Adieu les cons est profondément mélancolique. Celle très touchante de deux protagonistes qui ont tout perdu ou sont sur le point de tout perdre (la maladie ronge le personnage de Virginie Efira, et l’abandon social et professionnel pour le personnage de Dupontel). Leur duo est solaire et lumineux et nous embarque pour une histoire qui ira jusqu’à m’émouvoir profondément à certains moments. 

C’est un film très bien écrit, qui offre de très beaux dialogues à ces personnages qui peuvent tour à tour illuminer ce conte mélo. Le film alterne les genres avec une certaine maestria et on se prend à rire entre quelques larmes. De la tristesse provient une part de bonheur et Dupontel semble avoir parfaitement compris le procédé. Ces personnages vivent dans un monde désintéressé mais jamais inintéressant. La critique de Dupontel envers les technologies est bien là, mais elle n’appesanti pas le propos principal de ce film à fleur de peau : l’amour. 

Trois acteurs excellentissime

L’amour des uns et des autres qui se perd petit à petit. Au fond, Dupontel essaie de nous reconnecter à l’autre et il y parvient avec une très grande poésie. Virginie Efira trouve ici un de ses plus beaux rôles, en mère tardive qui souhaite simplement savoir si sa vie aura provoqué du sens et un informaticien perdu qui n’a jamais pu exprimer ses désirs et ses sentiments. Au fond Adieu les cons, c’est un requiem pour les vivants. Un film bouleversant dont la précision m’a laissé ébahi. Du vrai cinéma et français ! Que demande le peuple…

Un défilé virtuose 

Dupontel est un plasticien hors pair, la manière dont il arrive à mouvoir sa caméra me sidère. Rarement, j’avais vu un tel niveau de technicité dans un long-métrage français. Des décors aux costumes en passant par la photographie très chaleureuse avec des lumières orangés. Dupontel nous marque la rétine et certains plans me restent en tête encore après le visionnage. (comme ce plan de l’escalier en colimaçon dans un mouvement de caméra montant absolument sublime) 

 

Dupontel signe un film profondément mélancolique sur les injustices et la beauté de la vie. Un discours touchant sur l’amour qui nous unis dans une société de plus en plus déconnectée. Une mise en scène virtuose pour un des plus stimulants réalisateurs français. 

J'aime ce cinéma français 80%

La bande-annonce :

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